Samedi 17 mars, à l’initiative de l’Union des fédéralistes européens Auvergne-Rhône-Alpes, s’est tenu à l’université Lyon 3, un colloque sur le thème « Déficit démocratique de l’Union européenne : Quel rôle pour les partis politiques ? ». Des élus, des universitaires et le public ont ainsi échangés sur le rôle des partis politiques européens notamment dans la perspective des prochaines élections européennes.
L’article 10 sur le traité de l’Union européenne stipule que « Les partis politiques au niveau européen contribuent à la formation de la conscience politique européenne et à l’expression de la volonté des citoyens de l’Union. »
Nous sommes des citoyens européens. C’est avec le traité de Maastricht de 1992 que naît la citoyenneté européenne. En vertu de l’article 14 « Le Parlement européen est composé de représentants des citoyens de l’Union ». Il ne représente pas les citoyens de son pays.
La question de l’adhésion directe aux partis politiques européens est posée pour que puisse s’établir un lien direct entre les citoyens européens et les partis politiques. Un parti politique c’est un rassemblement d’individus et pas des bureaucraties. Or, les partis politiques en Europe fonctionnent comme des bureaucraties.
Comme le soulignent les écologistes, l’adhésion individuelle interroge sur la question de leurs droits notamment par le fait que ce sont les partis nationaux qui présentent les candidats.
Ne peut-on pas faire figurer sur une liste des candidats d’autres pays ou des personnes de la société civile ? Les réactions sont plutôt négatives car le parti politique perd une ou plusieurs places. La tête de liste LR en Auvergne-Rhône-Alpes, en a fait l’expérience, recevant des critiques de son propre camp alors même que le candidat de la société civile avait été choisi par le président de la république.
Les institutions européennes connaissent un déficit de citoyenneté. Pour le PPE il faut défendre l’identité européenne et nos intérêts communs dans la mondialisation comme la migration, la zone euro ou de la montée des nationalismes. Nous sommes liés par une communauté de destin. Pour cette députée européenne, il faut continuer à travailler sur la question des listes transnationales et pas seulement pour quelques sièges, vouloir des listes nationales facilite les partis qui n’ont pas d’encrage local. Et on assistera malheureusement au « recyclage de candidats » ou à la « désignation d’ apparatchik » qui continueront à travailler en sous-main pour leur parti national.
Le sénateur LREM est favorable à la circonscription unique retenue par 22 pays de l’UE. Le déficit démocratique existe puisque le parlement européen n’a pas l’initiative législative et l’essentiel des textes proviennent de la commission. Le parlement européen n’a pas de ressources propres.
Pour les écologistes, la question démocratique dépasse la question des institutions. Les partis politiques nationaux évitent de parler d’Europe. Les listes transnationales sont une nécessité. « Les candidats ne doivent pas être désignés à travers des portes closes ».
L’implication des citoyens : il n’y aura pas de conventions européennes comme l’avait voulu Emmanuel Macron mais des consultations citoyennes d’avril à octobre 2018. Conçues comme un lieu de débats, de remontées pour l’Europe.
Les médias portent leur part de responsabilités. En effet les sujets européens ne sont pas relayés. Les médias font peur aux élus locaux comme aux parlementaires nationaux. La responsabilité en incombe à nos partis politiques notamment lorsqu’ils comptent des ministres en leur sein. Les ministres se taisent lorsqu’ils reviennent de Bruxelles. Au moment des élections européennes, les medias n’accèdent pas aux candidats mais au porte-parole du parti national.
Les textes sont mal expliqués, l’Europe est mal comprise. On peut se demander quand on voit le comportement de certains dirigeants des pays de l’Union Européenne si la démocratie n’est pas entrain de se fissurer. Les instances européennes sont éloignées, l’identité européenne n’est pas ressentie.
Pour le président de l’Université Populaire européenne de Grenoble, la démocratie directe, indirecte et participative sont l’essence même de l’Europe. Il faut une éducation à la citoyenneté européenne.
Pour l’éditorialiste à l’agence Europe, Emmanuel Macron est le seul à avoir porter un discours européen pendant sa campagne. On ne peut pas opposer grand-chose aux arguments populistes comme l’absence de normes sociales ou de justice européenne. Pas de réponses non plus du côté des partis politiques européens qui sont des agrégats de partis nationaux.
Jo Leiner oppose la démocratie de compétition à la démocratie de consensus. La démocratie de consensus n’est pas facile à exprimer. La démocratie de combat est visible, il y a celui qui perd et celui qui gagne.
La jeunesse utilise des médias différents comme les blogs ou les réseaux sociaux pour la représentant du parti des verts européens, parti qui essaye de créer une culture commune par le débat, le vote de résolutions ou d’amendements. Il faut créer une « incarnation vivante ».
Le sénateur LREM reconnaît la cohérence des écologistes. Les formations politiques européennes ne sont pas de vraies formations politiques. Lrem refuse d’être dans des familles politiques incohérentes et passera des accords sur la base d’une plateforme politique.
Il faut déplorer aussi l’absence de visibilité des fonds européens d’autant que les élus locaux se gardent bien de dire qu’ils en perçoivent.
Les réflexions et témoignages du public furent digne d’intérêt tant sur l’absence de contrôle démocratique sur des institutions comme l’Eurogroupe ou les agences ou sur ce que l’on peut faire avec les moyens de la démocratie participative, que sur les expériences de mouvements de citoyens européens comme Diem 25 ou Pace.
Je termine sur le parti politique européen l’ALDE qui rassemble des démocrates et des libéraux dont l’adhésion directe et possible et qui compte aujourd’hui 3500 membre individuels.