C’est la question posée lors du Café de Regards de Femmes à Lyon à quelques jours de la journée internationale des droits des femmes, en présence de Béatrice Oin, membre du Comité Économique et Social Européen de 2006 à 2015, au titre de la CFDT et rapporteur de travaux sur le travail domestique.
Les travaux domestiques sont considérés comme sans valeur qu’ils soient rémunérés ou non. Ils sont comptabilisés dans le temps libre alors qu’il s’agit de temps contraint. Le travail domestique fait partie du non-dit. Ce qui ne se vend pas n’a pas de valeur. Le travail domestique est invisible sauf lorsqu’il n’est pas fait. Une des raisons de sa dévalorisation c’est qu’il est fait majoritairement par les femmes.
Entre 1950 et 1990 une partie du travail domestique se transforme en travail salarié. Les femmes choisissent le temps partiel ou le recours à une personne extérieure.
Au motif que ces emplois sont non délocalisables ils ont bénéficié d’incitations fiscales.
En quoi le travail domestique est différent d’ un autre emploi ? Le travail domestique est précaire, pénible et risqué et mal rémunéré. Ce sont des tâches effectuées par des femmes migrantes ou peu qualifiées. C’est un travail effectué au domicile privé de l’employeur qui n’est pas un lieu de travail et où les contrôles sont donc impossibles.
Le travail domestique rémunéré vient de la domesticité, du travail gratuit. Il est donc perçu comme un travail de larbin. Si toutes les femmes savent faire c’est que ce n’est pas qualifié.
Pour autant ce travail domestique mobilise des compétences relationnelles : confiance, honnêteté, discrétion, autonomie, adaptabilité, empathie, soins des enfants. Il mobilise aussi des compétences techniques.
Ce sont des emplois atypiques. On ne mesure pas à quel point ils sont éloignés des emplois classiques. Un salaire pour un travail domestique est en moyenne moitié moins que le salaire moyen. Lorsque l’on parle de travail domestique on n’emploie pas le langage de l’emploi.
Comment peut-on agir pour changer ?
Il faut professionnaliser ces emplois (diplômes), créer des structures et sortir des relations directes avec les particuliers employeurs, combattre les stéréotypes. Il faut changer le regard sur ce travail et pas par le prisme de la personne qui vient chez soi.
La Convention n° 189 de l’OIT concernant le travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques n’a pas été ratifiée par la France.