Débat organisé à la Maison des associations avec des intervenants des courants politiques qui ont organisé des primaires (PS – LR – Ecologistes – Citoyens) et de ceux qui n’y ont pas eu recours (En Marche, France Insoumises, primaires de la gauche rassemblée).
A la question pourquoi des primaires ? l’écologiste les présente comme une opportunité pour présenter le programme. Pour l’intervenante de la droite et du centre la primaire met le candidat sur orbite. Pas de plan B possible avec un candidat de substitution. Les primaires radicalisent les positions laissant un boulevard au centre.
La représentante de mouvements citoyens explique que seule la primaire citoyenne « primaire.org » a survécu. Le vote s’est fait selon le jugement majoritaire. Une primaire ouverte à tous apolitique et gratuite avec un programme qui s’est nourri des idées des autres. La difficulté est par la suite pour la candidate de se faire connaître.
L’intervenant du PS souligne le risque d’entrisme dans une primaire ouverte et la tribune donnée aux candidats pendant plusieurs semaines. En 2017 le PS n’a pas vraiment de programme. Le programme qui sort de la primaire n’est pas le programme qui a gagné le congrès de 2015. Une question : Le gagnant doit-il être soutenu par les autres ? Lors d’une primaire il faut parler à son camp et après ?
Pour le représentant de la primaire des gauches rassemblées l’organisation de la primaire bute sur les appareils et les personnes. Néanmoins l’organisation de comités locaux a tout de même permis à des personnes de partis différents de se voir et de discuter.
Jean-Michel Chaize pour En Marche relit l’article de la Constitution sur le rôle du président de la république et se demande comment le président peut être le représentant d’un parti. Les primaires sont une stratégie de pouvoir des grands partis politiques qui élimine les candidats rassembleurs.
Les primaires conduisent à la trahison des électeurs ou des candidats. Emmanuel Macron aurait été éliminé de la primaire ne représentant pas une aile assez radicale du parti.
Pour l’intervenant de la France insoumise les primaires traduisent une crise de légitimité des partis politiques, légitimité qui n’a pas été regagnée puisque les deux candidats en tête ne sont pas issus d’une primaire. Le choix du candidat se fait sur le plus apte à remporter l’élection. L’influence du programme est nul et l’analyse du vote montre qu’il n’est pas issu des quartiers populaires.
Pierre Brechon, politologue
Les primaires sont un progrès pour la démocratie. Elles s’installent durablement dans le paysage politique. Les primaires naissent dans les années 90 pour départager deux droites irréconciliables. Les primaires sont réussies s’il y a un vote large des adhérents et des sympathisants et que plusieurs candidats sont à départager. Avec les primaires on redonne un peu de pouvoir aux adhérents. 15% du corps électoral a voté lors de ces primaires et ce n’est pas rien. L’inconvénient d’une primaire c’est le clivage qu’elle induit. L’absence d’un programme préalable rend le rassemblement difficile par la suite. L’organisation de primaires et la campagne qui y est attachée allongent le processus électoral qui passe des six mois habituels à un an. Les primaires renforcent la personnalisation et la médiatisation de la vie politique et accroissent les inégalités entre les candidats.
Florent Gougou chargé de recherches à l’Université libre de Bruxelles
La participation des citoyens est un succès. C’est un nouveau droit pour les électeurs et il sera donc difficile de revenir en arrière. Traditionnellement le parti politique avait la responsabilité du programme et de la sélection du candidat. Aujourd’hui cette délégation opérée par les partis politiques traduit leur affaiblissement.
Avec les primaires les stratégies d’alliance ne sont plus guidées par les partis. La décision d’alliance est prise par le candidat qui assume par ailleurs la responsabilité du programme.