Rencontre avec François Cornut-Gentille, député LR de Haute-Marne et maire de Saint-Dizier à partir de son livre « Gouverner, pour un nouvel exercice du pouvoir » et dans le cadre du cercle de réflexion de Michel Destot « Initiatives à Grenoble »
François Cornut-Gentille nous a fait partager pendant deux heures sa vision de ce que doit être l’exercice du pouvoir pour redonner de la grandeur à la politique, une réflexion construite à partir de son expérience de parlementaire débutée en 1993. Les majorités politiques ne sont pas reconduites et on ne peut pas dire que les présidents de la république qui se sont succédé aient franchement réussi : par manque de courage des politiques ? à cause des échecs en matière de chômage ? Non. La véritable raison en est l’impuissance publique à laquelle nous assistons et sans que cela soit dit. Nous subissons une crise et nous attendons le retour de la croissance pour régler les problèmes. En réalité nous avons changé de monde et de nombreux secteurs sont touchés : l’enseignement, la médecine, la famille… pendant que le gouvernement se focalise sur un ou deux sujets comme l’immigration ou l’ubérisation. Attendre la croissance n’a pas de sens. Elle ne peut régler à elle-seule tous les problèmes que connaît la France en matière d’éducation ou de santé par exemple.
Nous fermons les yeux sur ce qui est nouveau et nous traitons les problèmes nouveaux avec des instruments anciens. Si la croissance est le seul objectif, la politique devient alors la défense d’intérêts.
Il n’y a plus de politique s’il n’y a plus d’enjeux communs.
François Cornut-Gentille insiste sur le phénomène des marques (groupes) qui sont les forces de frappe médiatique qui font plier le gouvernement quelquefois en quelques jours. Les services de l’Etat se sont eux-mêmes transformés en marques.
L’exécutif est fort dans les textes mais la réalité est autre. Un gouvernement ne peut pas vraiment afficher la situation. Le parlement actuellement ne sert pas à grand chose, alors qu’il devrait lui revenir de dire ce qu’il faut faire et de le dire au nom du peuple. Mais cela suppose d’être déconnecté de l’actualité immédiate.
La mondialisation, les difficultés de la construction européenne ne facilitent pas la tâche.
Définir une politique face à la mondialisation est compliquée. L’Etat doit à l’avenir se recentrer sur ses fonctions régaliennes et accentuer la décentralisation.
Pendant la campagne présidentielle il faudra annoncer des projets réels puis dans la première année de la législature travailler sur quelques thèmes. Au cours des 4 années suivantes faire des propositions. Il faut du temps. Il faut aussi repenser les outils comme l’Europe par exemple qui a été conçue pour la croissance et pour un monde stable ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Le président de la république ne doit pas avoir à répondre à tout mais fixer sur les secteurs importants quels sont les objectifs à atteindre.
Il faut trouver une méthode pour redonner du contenu au débat politique. On ne peut plus se contenter comme par le passé d’une vision sur l’ensemble des problèmes exclusivement progressiste, libérale, ou conservatrice. Aujourd’hui on peut être selon les sujets progressiste, libéral ou conservateur.