Le monde politique fait fi de la laïcité dont les femmes sont les premières victimes puisqu’elles disparaissent de l’espace public et cela depuis plusieurs années notamment dans les quartiers, sans que cela ait gêné ni les élus nationaux ni les élus locaux. Le communautarisme rapporte des voix et les voix n’ont pas de prix. Peut-être même que lorsque l’on commence à s’inquiéter de certaines situations c’est parce qu’on sait ne plus pouvoir compter sur ces voix.
Regardons ce qui se passe dans le monde économique : on recouvre des statues de femmes dans un musée toulousain pour ne pas heurter un dignitaire étranger. Le Medef reçoit le président iranien et pas une femme présente. Or les entreprises françaises comme les organisations patronales comptent de nombreuses femmes en responsabilité . Mais signer des contrats avec certains pays oblige à ne pas déplaire. Pourtant les aides aux entreprises sont financées par les impôts y compris ceux payés par les femmes actives largement majoritaires aujourd’hui dans notre pays. Au nom d’une laïcité accomodée, de l’électoralisme, au nom des affaires, la moitié de l’humanité est sciemment rendue invisible. L’éthique de responsabilité a ses limites tout de même..
Je salue d’ailleurs l’excellent article de Pascale Boitard sur les territoires perdus pour certaines femmes.
Alors en 2017, quand on viendra parler de croissance, de PIB, de libéralisation de l’économie, d’abandon des 35 heures, de passage à 42 heures et autres propositions plus ou moins fondées mais dont l’ intérêt est souvent de rivaliser dans la surenchère par rapport à ses concurrents, que ces propos soient formulés par la droite, la gauche, le centre, il sera pertinent de regarder de près les engagements concrets des candidats pour que les droits des femmes ne régressent pas, pour qu’elles occupent toute la place qui leur est due dans l’espace public et dans le monde économique. De plus en plus de femmes sont dans cet état d’esprit. C’est un formidable challenge pour les années à venir. C’est une question à la fois sociétale et économique. Aucun argument ne peut justifier de faire de cette question une question secondaire, ou plus précisément d’en faire une question remisée sous le tapis au nom d’un quelconque rassemblement.