Les hommes ont du mal à laisser aux femmes la place qui leur revient en politique. Femmes et politique cela fait un peu désordre. Il faut dire que l’histoire ne les a pas aidées : Les femmes ont été évincées du pouvoir politique pendant des siècles au nom de la nature !
Sous la royauté : les femmes ne peuvent pas monter sur le trône de France «les lys ne filent point» – le «royaume de France ne tombe pas en quenouille».
Sous la révolution française : Les femmes ne sont pas considérées comme de vrais individus pour les révolutionnaires de 1789. L’égalité n’est pas pour tout le monde. Les femmes sont d’abord des mères et des épouses de citoyens.
Au XXème siècle : Les femmes attendront 1944 pour obtenir le droit de vote !
Ce sont les combats personnels ou collectifs, les combats militants, associatifs et politiques menés par les femmes qui font bouger les choses.
En 1999 la Constitution est modifiée. Selon l’article 3 « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ».
L’année 2000 marque une grande avancée: la loi sur la parité est adoptée.
Cette loi impose dans les scrutins de liste l’alternance d’un homme et d’une femme.
Les femmes ont désormais autant droit à la parole et à la prise de décision que les hommes dans les conseils municipaux et régionaux.
Pourtant faire vivre la parité n’est pas une évidence.
La parité au niveau national est un échec. 18% de femmes à l’Assemblée nationale et 25,3% de femmes au Sénat, alors que dans la vie économique et sociale les femmes sont bien présentes et depuis longtemps : Beaucoup de femmes ont une activité professionnelle : 83% des femmes de 25 à 49 ans. Les femmes représentent 47% de la population qui travaille. Elles font des études et statistiquement les réussissent mieux que les hommes (pour l’anecdote, la faculté de droit de Grenoble compte cette année deux fois plus de femmes que d’hommes major de promotion !), elles ont investi le champ associatif et pourtant en politique leur présence ne va pas de soi.
La parité cela signifie aussi que des femmes doivent se porter candidates. Or les obstacles sont nombreux :
Les femmes veulent bien s’investir pour l’intérêt général et elles sont nombreuses à le faire mais nombreuses sont celles qui rejettent encore l’idée de pouvoir.
Elles s’autocensurent parce qu’elles doutent de leurs compétences. A-t-on déjà vu des hommes en politique émettre des doutes sur leurs compétences ? Jamais.
Et puis Il y a bien sûr le poids de la vie familiale non partagée équitablement. Aujourd’hui 80% des taches domestiques reposent encore sur les femmes.
Pour que la parité s’impose, il faut militer contre le cumul des mandats, et pour la suppression des tactiques permettant de détourner la loi. Comment accepter que deux hommes du même parti préfèrent constituer deux listes pour assurer leur élection plutôt que de risquer de se retrouver en troisième position derrière une femme.
Il faut plaider pour un scrutin de liste dans toutes les instances politiques. Le mode de scrutin actuel (le scrutin majoritaire) favorise ouvertement les hommes. Cela se vérifiera aux prochaines élections territoriales en 2014 si le mode de scrutin issu de la réforme territoriale n’est pas remis en cause d’ici là.
Il faut supprimer l’octroi de financements publics aux partis politiques qui ne respectent pas les règles relatives à la parité. L’expérience montre que les partis se moquent bien des amendes.
Les femmes doivent refuser la complaisance, accepter qu’on puisse ne pas les aimer.
La formation a un rôle crucial à jouer et notamment l’intégration des codes politiques.
Les femmes doivent aussi s’ouvrir à des domaines perçus comme masculin : l’urbanisme ou encore les finances ne sont pas des domaines réservés.
Les femmes sont la moitié de l’humanité, la distinction Femmes/Hommes relèvent de l’universel. A ce titre, il faut cesser de fondre les débats concernant la place des femmes en politique et plus généralement dans la société dans la « politique de lutte contre les discriminations ». L’égalité Femmes/Hommes est un combat distinct.
La concurrence sévit aussi entre les discriminations et il sera toujours facile de dire à propos des femmes qu’il y a plus discriminé.
Sur l’égalité : Françoise Giroud pour qui : « l’égalité sera atteinte quand on nommera des femmes incompétentes à des postes de responsabilité ».
Sur le cumul des mandats : Valéry Giscard d’Estaing : « La trajectoire d’un élu politique en France répond à deux lois simples : on se présente à une fonction pour préparer sa candidature à la fonction suivante ; lorsqu’on est élu à la fonction supérieure, on conserve la fonction antérieure de manière à éviter qu’un « intrigant » ne vienne reproduire à vos dépens le parcours que vous venez de réussir. D’où l’obsession de cumuler les mandats ».